Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’authenticité de celle que nous connaissons ; enfin que les raisons qu’on a voulu faire valoir contre l’authenticité de l’ouvrage sont dépourvues de solidité. C’est ainsi que Prantl a été choqué d’y trouver, pour définir l’essence même des relatifs, que cette essence consiste en τῷ πρός τί πως ἔχειν (Catég., 7, 8 a, 31 et 39), car l’expression lui paraît déceler une main stoïcienne. Mais l’expression incriminée se retrouve dans les Topiques, dans la Physique, dans l’Éthique à Nicomaque. Les principales difficultés contre l’authenticité des Catégories viennent, des cinq derniers chapitres, qui sont étrangers au sujet primitivement annoncé, pendant que, de son côté, le chap. 9, à la fin, tourne court et s’excuse de ne pas continuer jusqu’au bout l’étude des catégories, parce qu’on ne pourrait plus rien ajouter de nouveau et d’intéressant sur celles qui restent. Ces cinq derniers chapitres des Catégories ont été, depuis une haute antiquité, considérés comme un tout à part, car ce sont eux que la tradition désigne sous le nom de Post-prédicaments. Andronicus a déjà admis qu’ils avaient été ajoutés au texte par une main étrangère, et c’est même par là qu’il explique le titre πρὸ τῶν τόπων, substitué comme plus général au titre primitif de Κατηγορίαι. On ne sait si les Post-prédicaments sont originairement un fragment aristotélicien ; s’il n’en est pas ainsi, du moins ils semblent bien provenir des successeurs immédiats d’Aristote (cf. p. 131).

Le Περὶ ἑρμηνείας n’est cité dans aucun autre ouvrage d’Aristote (Bonitz, Ind. 102 a, 27). Il cite lui-même les Analytiques et les Topiques ; mais il a le malheur de citer aussi le De anima pour une proposition qu’on a grand’peine à y retrouver (Bonitz, ib., 97 b, 49). Le chapitre 14, le dernier a été, selon Ammonius, passé sous silence par Porphyre dans son commentaire, et le même Ammonius rejette ce chapitre comme inauthentique. L’ouvrage tout entier était condamné par Andronicus[1]. Mais, d’autre

  1. De interpr. 251, 27 ; 252, 8, éd. Busse (Comm. gr., IV, 5 ; Schol. 135 b, 10, 25). Sur l’opinion d’Andronicus, cf. 5, 28-6, 4 (Schol. 97 a, 19) et infra, p. 63, n. 2.