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ce qui est au-dessous d’eux. De même, dans la question, à peine différente, des fonctions de l’âme, Platon avait séparé d’une façon matérielle, matérielle au moins indirectement, une âme concupiscible, une âme irascible et une âme raisonnable. Aristote ne voit dans les fonctions psychiques que les manifestations hiérarchisées, et au besoin, à chaque degré de la hiérarchie, les manifestations coordonnées, d’une seule et même âme (De an. III, 9, 432 a, 22). — Nous avons désormais à rendre compte sommairement de ses opinions sur ces fonctions diverses. Nous disons sur ces fonctions diverses, plutôt que sur ces âmes diverses. Car, après ce que nous avons dit dans la leçon précédente, nous n’aurions rien d’essentiel à ajouter sur l’âme végétative, et nous avons surtout à nous occuper des fonctions diverses de l’âme animale. Cependant il y a quelque analogie entre la connaissance rationnelle et la connaissance sensible et nous verrons que, péripatétiquement parlant, ce n’est pas sans difficulté qu’on décide s’il y a là une diversité de fonctions, ou quelque chose de plus. Parlons donc pour le moment d’une diversité de fonctions. Comment Aristote classe-t-il par grands groupes les fonctions de l’âme ? Il dit que, selon l’opinion commune, l’âme est caractérisée par deux fonctions principales : la pensée et la production du mouvement local. Sans doute cette classification ne saurait embrasser la fonction de l’âme nutritive, et sans doute aussi elle ne s’applique même pas à toute âme animale, puisque certains animaux sentent, sans se déplacer[1]. Cependant, lorsqu’il s’agit de l’âme humaine ou de l’âme des animaux supérieurs, cette manière de classer les fonctions psychiques semble bien être prise à son compte par Aristote[2]. La manière dont Aristote envisage le plaisir prouve, croyons-nous, qu’il serait peu disposé à faire de ce que nous appelons les faits affectifs les manifestations

  1. Ils sont dits μόνιμα. Cf. G. Rodier, Aristote, Traité de l’âme, II, p. 197 sq. ; 566 en bas ; 527 sq. ; 153.
  2. De an. III, 9 déb. : … ἡ ψυχὴ κατὰ δύο ὥρισται δυνάμεις ἡ τῶν ζῴων, τῷ τε κριτικῷ, ὃ διανοίας ἔργον ἐστὶ καὶ αἰσθήσεως, καὶ ἔτι τῷ κινεῖν τὴν κατὰ τόπον κίνησιν… Cf. 3 déb. et I, 2, 403 b, 25 : τὸ ἔμψυχον δὴ τοῦ ἀψύχου δυοῖν μάλιστα διαφέρειν δοκεῖ, κινήσει τε καὶ τῷ αἰσθάνεσθαι.