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des produits très élaborés de la nutrition. Ils ne diffèrent qu’en degré : le liquide mâle complètement achevé est acte ; le liquide femelle demeuré imparfait est puissance. La production des sexes dans la génération s’explique par le fait que, si le liquide mâle est en état d’accomplir toute sa fonction, c’est un être parfait ou mâle qui est engendré, tandis que c’est une femelle qui est produite dans le cas contraire[1].

Le nombre des espèces animales étudiées par Aristote a été considérable par rapport aux circonstances dans lesquelles il se trouvait. Il y a dans l’Histoire des animaux 400 espèces qu’on a pu identifier. Aristote avait donc dans ses observations la base étendue et solide d’une classification. Sa classification ou ses classifications ne sont pas, à vrai dire, poussées très loin puisqu’elles s’arrêtent à la délimitation des groupes principaux, à quelque chose comme nos types ou nos classes. Mais, dans ces termes, elles peuvent, d’après M. Pouchet, soutenir la comparaison avec le Systema naturae de Linné, et encore faut-il ajouter, à l’avantage des classifications d’Aristote, qu’elles visent à être naturelles. Suivant le même naturaliste, les trois caractères sur lesquels se fondent les divisions d’Aristote sont des meilleurs et valent ceux que nous invoquons aujourd’hui. Ces caractères sont : la présence ou l’absence de sang ; le milieu qu’habite l’animal ; son mode de reproduction. Le plus grand défaut des classifications aristotéliciennes, c’est qu’elles sont plusieurs et qu’elles ne s’accordent pas toujours entre elles. Celui qu’on peut ensuite leur reprocher, c’est que les divers groupes distingués par Aristote ne sont pas toujours conçus de façon à représenter les degrés de perfection que son esprit essentiellement hiérarchique s’est plu d’autre part à signaler dans le règne animal[2].

  1. Voir Zeller, p. 513-533.
  2. Pouchet, op. cit., p. 131 sqq. ; il expose, p. 122-125 deux classifications d’Aristote qui sont d’ailleurs en partie concordantes. Cf. aussi Zeller, p. 559-561. Celui-ci, p. 561-563, insiste principalement sur le second défaut des classifications aristotéliciennes.