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déterminer les fonctions universelles de la vie, Aristote faisait déjà de la physiologie générale, de même, par la distinction qui nous occupe et par les développements étendus qu’il y consacre, il fondait l’anatomie générale[1]. — D’un autre côté, Aristote créait aussi l’anatomie et la physiologie comparées. Il a fait dans sa métaphysique le plus grand usage de l’idée d’analogie, c’est-à-dire de l’idée de la ressemblance résultant d’une identité de rapports et non d’une identité générique. Dans sa biologie il a introduit la même idée féconde, et il s’est plu à démêler dans les êtres les plus divers les analogies de fonctions et d’organes. L’instinct des animaux est l’analogue de notre art. Quand le cœur ou les poumons font défaut, ils sont remplacés par des organes analogues. Les animaux dépourvus de sang possèdent un liquide analogue. Les cartilages dans les poissons, les carapaces chez d’autres animaux sont les analogues du squelette des animaux supérieurs. Les poils des quadrupèdes sont les analogues des plumes des oiseaux. La racine de la plante est l’analogue de la bouche de l’animal, etc. Ayant ainsi saisi dans la nature vivante les éléments communs et les éléments analogues, Aristote est disposé à voir dans l’ensemble de cette nature une unité de plan. Il n’y a pas pour lui de filiation entre les diverses formes vivantes : manifestement il est un partisan résolu de la fixité et presque de l’éternité des espèces. Mais les diverses formes vivantes lui paraissent les degrés d’une seule et même hiérarchie. La nature, dit-il, passe graduellement des êtres inanimés aux êtres animés et parmi ceux-ci de la plante à l’animal. La plante paraît inanimée si on la compare à l’animal, et toutefois il y a des êtres dont nous ne saurions dire au juste s’ils sont des plantes ou des animaux : les huîtres, quand on les compare aux animaux capables de se déplacer, sont presque des végétaux. Le plus haut terme de la hiérarchie, celui dont tous les autres ne sont que des ébauches, et auquel il faut se reporter

  1. Sur les parties anhoméomères de l’organisme, cf. Bonitz, Ind. 510 b, 3-4. — La portée de cette distinction est bien marquée par Pouchet, op. cit., p. 35.