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au centre du monde ; l’autre, le léger, est le feu (De caelo, IV, 2, 308 b, 13). Mais, entre le grave et le léger absolus, il fallait un grave et un léger relatifs. Il y a donc dans le monde deux éléments secondaires : l’eau, relativement lourde, et l’air, relativement léger[1]. Ces déterminations de gravité et de légèreté sont d’ailleurs si purement qualitatives, quoique tirées de la considération du mouvement local, elles sont si étrangères à toute idée de quantité, que, l’air étant léger par rapport à l’eau bien que pesant en lui-même ou par rapport au feu, un corps qui contient de l’air sera, par rapport à l’eau, d’autant plus léger qu’il contiendra plus d’air, fût-ce sous un même volume (De caelo, IV, 3-5)[2]. — Mais il y a une autre méthode pour établir les quatre éléments terrestres. Cette méthode, moins générale que la précédente et applicable seulement dans le monde sublunaire, consiste à partir des données du plus fondamental des sens, le toucher, et des qualités les plus fondamentales parmi celles que le toucher nous révèle, en faisant abstraction toutefois de la légèreté et de la pesanteur. Les qualités tactiles fondamentales, une fois cette élimination faite, sont le chaud et le froid, le sec et l’humide (De gen. et corr. II, 2, 330 a, 24). Les autres qualités se ramènent à celles-là : tels le mou, qui dépend de l’humide, et le dur, qui dépend de la sécheresse (ibid., 329 b, 32, 330 a, 8). Les qualités fondamentales sont donc au nombre de quatre. Pour avoir les éléments il suffit de combiner ces qualités deux à deux, en écartant sur les six combinaisons possibles les deux qui associeraient les contraires, c’est-à-dire des termes incompatibles. Il reste le chaud et le sec, ou le feu ; le chaud et l’humide, ou l’air ; le froid et l’humide, ou l’eau ; le froid et le sec, ou la terre (ibid., II, 3 déb.). Il n’y a pas au-dessous des éléments une substance con-

  1. De caelo IV, 4, 312 a, 7 : … τὸ βαρὺ καὶ κοῦφον δύο ἐστίν· καὶ γὰρ οἱ τόποι δύο, τὸ μέσον καὶ τὸ ἔσχατον. ἔστι δὲ δή τι καὶ μεταξὺ τούτων, ὃ πρὸς ἑκάτερον αὐτῶν λέγεται θάτερον… διὰ τοῦτό ἐστί τι καὶ ἄλλο βαρὺ καὶ κοῦφον, οἷον ὕδωρ καὶ ἀήρ… 5, 312 a, 28 : ἐπεὶ δ’ ἐστὶν ἓν μόνον [le feu] ὃ πᾶσιν ἐπιπολάζει καὶ ἓν [la terre] ὃ πᾶσιν ὑφίσταται, ἀνάγκη δύο ἄλλα εἶναι ἃ καὶ ὑφίσταταί τινι καὶ ἐπιπολάζει τινί.
  2. Voir Zeller, p. 440 en bas.