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mouvement. Elle n’est pas contraire aux principes de l’Aristotélisme. Mais il semble qu’on n’en puisse dire autant de l’infinité du temps, puisque le temps est essentiellement nombre. Peut-être devrait-on entendre que le temps proprement dit est toujours fini et que c’est seulement le temps en puissance, la possibilité de nombrer, qui, comme sa matière nombrable, le mouvement, est infini.

Quoi qu’il en soit, nous venons de voir que la translation circulaire est infinie. Nous allons voir qu’elle est première, et cela en raison de sa valeur ontologique. Les deux mouvements locaux simples, le circulaire et le rectiligne, sont antérieurs au mouvement composé de l’un et de l’autre. À son tour, la translation circulaire a la priorité sur la translation rectiligne. Elle est première parce qu’elle est plus simple et plus parfaite. Elle est plus parfaite : en effet la translation rectiligne n’est pas infinie, 1o  parce qu’il n’y a pas de droite infinie, 2o  parce que l’infini ne peut se parcourir. Étant donc finie, la translation circulaire, à moins de se prolonger par le retour du mobile sur lui-même (mais cela lui ôte l’unité) est imparfaite et périssable. Or le parfait et l’impérissable sont antérieurs à l’imparfait et au périssable, à la fois φύσει, λόγῳ et χρόνῳ (9 déb.-265 a, 24). D’ailleurs le mouvement susceptible d’éternité est forcément antérieur à tous les autres ; car les mouvements qui ne sont pas éternels supposent le repos avant eux, et le repos, privation du mouvement, c’est du mouvement qui a péri (265 a, 24-27). — Arrivé ici, Aristote, avant de donner de nouvelles raisons de l’antériorité de la translation circulaire, revient sur la continuité de cette translation et la déduit de la perfection de sa trajectoire. Ce n’est pas sans raison qu’il arrive que la translation circulaire est une et continue, tandis que la translation rectiligne ne l’est pas. En effet la translation rectiligne a des limites qui sont autant de lieux de repos pour le mobile, et ces limites sont sur la droite elle-même. La translation circulaire est sans limite : car où serait sa limite ? Tout point du cercle est également point de départ, milieu et terme, ce qui fait que le mobile est toujours et n’est jamais à son point de départ et à son terme. C’est pour-