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recommence plusieurs fois le même mouvement, il faut que le lieu, et en général le domaine de son mouvement, soit fini : car, de la sorte, chaque trajet entre les extrémités constitue un mouvement distinct, puisqu’on ne peut, identifier des mouvements contraires. Mais, quand le mobile suit un cercle, comme sur une telle ligne le commencement coïncide avec le terme[1], ou plutôt, comme tout point peut être commencement et terme, ce qui équivaut à dire qu’aucun ne l’est, il est impossible de prendre à part un certain parcours du mobile et, par conséquent, de dire que le mobile recommence ce parcours. D’autre part, il résulte de la coïncidence du commencement et du terme dans le mouvement circulaire que ce mouvement est parfait. Tandis que tout mouvement rectiligne peut être prolongé, le mouvement circulaire n’est pas susceptible d’augmentation. La distinction entre les mouvements comme repassant et ne repassant pas par les mêmes points peut faire voir en outre que les mouvements autres que le mouvement local ne sont pas moins condamnés que les translations non circulaires à ne jamais former un mouvement susceptible de rester continu en se prolongeant : altération, accroissement et décroissement, génération et corruption, chacune de ces espèces de changement comporte que le mobile passe itérativement par les termes intermédiaires entre les extrêmes, ou, dans tous les cas, par les extrêmes. De tels mouvements, puisqu’ils se répètent, ne sauraient former un mouvement continu infini. Les Physiologues se sont donc trompés en parlant d’un mouvement éternel des corps sensibles : car ils entendaient par ce mouvement des altérations, des accroissements et des décroissements, des générations et des corruptions. Ainsi il est établi que la translation circulaire seule est un mouvement continu infini (264 b, à la fin du chap.). — Cette infinité du mouvement, rendue possible par la continuité, implique essentiellement, remarquons-le, qu’on ne nombre pas le

  1. Idée empruntée, au moins en partie, à Alcméon : cf. Zeller I⁴, 490, 1 ; 491, 1 (tr. fr. I, 465, 3 et 4).