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mais Alexandre a bien l’air, puisqu’il donne des indications précises sur les endroits qu’il vise (fr. 183 fin et 184 fin), d’avoir eu le livre sous les yeux. Aristote, non seulement d’après Alexandre, mais, autant qu’on en peut juger par le texte même de la Métaphysique, s’est lui-même référé au Π. ἰδεῶν[1]. Avec le Π. ἰδεῶν nous sommes loin de l’Aristote purement platonicien de l’Eudème. Lorsqu’il l’a écrit, Aristote avait repris toute son indépendance. Ce livre a tout ce qu’il faut pour avoir été le dernier de ceux qu’on peut rapporter à la jeunesse d’Aristote.


APPENDICE

Traduction du fr. 40, provenant de l’Eudème d’Aristote.

« Aussi est-ce pour eux chose excellente et souverainement heureuse que de franchir le terme. Et, non contents de croire que les morts sont dans la félicité et le bonheur, nous croyons encore qu’il y a de l’impiété à commettre contre eux quelque mensonge ou quelque blasphème, comme s’ils étaient devenus désormais des êtres meilleurs et plus excellents que nous. Ces croyances persistantes sont même parmi nous si vieilles et si grandement antiques, que personne n’a jamais connu leur origine dans le temps ni leur premier auteur, et qu’il se trouve au contraire qu’elles ont toujours régné dans l’infinité des siècles. Ajoute à cela qu’on trouve dans la bouche des hommes, transmis et répété à travers la multitude des années et depuis les temps antiques, ce propos… — Lequel ? dit-il. — Et lui, il reprit : Ce propos que le sort le meilleur est de ne

    des commentateurs grecs, vol. VI, 1. Pour Alexandre, voir l’éd. de sa Métaph. citée dans la note précédente.

  1. Α, 9, 990 b, 8 : καθ’ οὓς τρόπους δείκνυμεν ὅτι ἔστι τὰ εἴδη… — Cf. Zeller, p. 65, n. 1, 2, 3.