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éternel, à la différence des autres moteurs immobiles ne sera pas même mû par accident, à la manière d’une âme (6 déb.-259 a, 13). — Une seconde preuve de l’éternité du moteur immobile se tire de la nature même du mouvement éternel. Nous avons établi que le mouvement est éternel. Mais, pour être éternel, il faut qu’un mouvement soit continu ; pour être continu, il faut qu’il soit un, et non pas une suite de plusieurs mouvements ; pour être un, il faut qu’un mouvement porte sur un mobile unique, et, de plus, provienne d’un seul et même moteur ; car un mouvement provenant d’une série de moteurs qui se succèdent n’est pas un. Dans ces conditions, l’éternité du mouvement entraîne celle d’un moteur immobile (259 a, 13-20). — Enfin l’existence éternelle d’un moteur immobile résulte encore de la manière d’être des autres moteurs immobiles. Ce que nous avons entrepris de prouver, ce n’est pas qu’il y a des principes de mouvement et de repos ; car l’existence évidente d’êtres qui sont tantôt en mouvement et tantôt en repos implique incontestablement l’existence de tels moteurs. Nous voulons établir qu’il y a un moteur aussi éternel qu’immobile et un mobile éternellement en mouvement. Pour y arriver, nous avons montré que, toute chose mue l’étant par quelque chose, il doit y avoir des moteurs immobiles, ou au moins, pour commencer, des moteurs se mouvant eux-mêmes. Or les êtres animés sont évidemment des moteurs se mouvant eux-mêmes, et, par conséquent, c’est chez eux qu’on est tenté de chercher d’abord les moteurs immobiles enveloppés dans l’existence des moteurs se mouvant eux-mêmes. Mais le moteur immobile des êtres animés, celui qui leur donne le mouvement qui dépend d’eux-mêmes, l’âme en un mot, ne meut que du seul mouvement local, et ce mouvement, il ne le leur donne que pendant des durées limitées et par accès. Si bien que c’est même le spectacle du mouvement local des animaux qui a suggéré l’opinion fausse que le mouvement peut commencer absolument et de rien. Sans doute il y a bien dans les animaux un mouvement continu et qui est la condition profonde de leur mouvement local. Mais ce mouvement, dû aux aliments et à d’autres agents, ne pro-