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qu’il puisse exister d’autre part un mouvement continu et un et, dès lors, capable d’être éternel (b, 28-253 a, 2). — De même la seconde objection ne prouve pas que le moteur externe, qui détermine le commencement du mouvement dans une chose inanimée, n’ait pas lui-même, ou ne suppose pas, un mouvement éternel. Reste, il est vrai, à se demander pourquoi ce mouvement éternel n’entraîne pas dans tous les mobiles auquel il se communique un autre mouvement éternel. Mais se poser cette question, ce n’est plus contester qu’il puisse y avoir quelque part un mouvement éternel : c’est se demander pourquoi certains êtres sont susceptibles d’être toujours en mouvement, et d’autres non, et c’est précisément le problème qui se pose à l’entrée de la présente recherche (253 a, 2-7). — La troisième objection est la plus spécieuse. Mais l’opinion que les animaux se mettent en mouvement sans aucun moteur externe est fausse. En effet le milieu entretient sans cesse dans les corps qui font partie de la constitution de l’animal quelque mouvement ; car tantôt l’animal est chauffé ou refroidi, mouillé ou séché, et non par son propre fait. Ce qui dépend de lui en effet, c’est seulement de se mouvoir selon le lieu. Or, dans la production même du mouvement local, l’action du milieu intervient. Parmi les mouvements que le milieu imprime à l’animal, il y en a qui meuvent l’intelligence et le désir, ces moteurs du mouvement local. Qu’il en soit ainsi, nous en avons la preuve par ce qui se passe dans le sommeil. L’animal n’éprouve alors aucun mouvement sensitif ; mais la respiration, la digestion, l’imagination, le froid et le chaud reçus du dehors, entretiennent en lui certains mouvements qui, comme on l’explique dans le Traité du sommeil (ch. 3 déb.), provoquent, quand ils sont d’une certaine nature, le réveil de l’animal et, par suite, le recommencement de la sensation (253 a, 7 à la fin du chap.). — Aristote, comme il l’annonce, retrouvera plus tard, au cours de son développement, ces objections et ces réponses. Pour le moment il passe à la question que la seconde objection lui a fourni l’occasion de signaler : comment se