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Une autre raison d’en douter c’est que le Προτρεπτικός a servi de modèle à l’Hortensius de Cicéron, qui n’était pas un dialogue. Bref nous sommes à son sujet très mal renseignés. En outre il ne nous en est parvenu qu’un petit nombre de fragments de contenu philosophique ; c’est dans l’un d’eux (fr. 50) que se trouve le célèbre dilemme par lequel Aristote établissait qu’il est impossible de se soustraire à la nécessité de philosopher[1].

C’est encore à la jeunesse d’Aristote qu’il faut rapporter d’autres écrits, relatifs à Platon ou aux philosophes antérieurs. Parmi ces derniers, il y en a dont nous n’avons que les titres, par exemple Περὶ τῆς Σπευσίππου καὶ Ξενοκράτους φιλοσοφίας (Diog., no 93 ; anon., no 84) ; Πρὸς τὰ Ἀλκμαίωνος ; Προβλήματα ἐκ τῶν Δημοκρίτου ; Πρὸς τὴν Παρμενίδου δόξαν, cité de seconde main par Philopon dans son commentaire de la Physique, etc.[2]. Naturellement il n’y a rien à dire de leur authenticité. La question pourrait en revanche se poser avec plus d’intérêt à propos d’autres écrits analogues, dont nous n’avons aussi que les titres : Πρὸς τὰ Ξενοφάνους [cod. —κράτους] (Diog., no 99), Πρὸς τὰ Μελίσσου (Diog., no 95 ; anon., no 86), Πρὸς τὰ Γοργίου (Diog., no 98 ; anon., no 89). On peut en effet se demander si ces écrits n’auraient pas été utilisés par l’auteur du traité, certainement apocryphe, De Xenophane, Zenone et Gorgia, dont le titre doit du reste être corrigé en De Melisso, Xenophane et Gorgia[3].

D’autres, tels que le Περὶ τῶν Πυθαγορείων (Fragm., 1510 a-1514 a), peuvent être authentiques, car les fables qui remplissent ce livre étaient peut-être données comme des

  1. 1483 b, 29, 12 ; 1484 a, 2, 8, 18 : la formule se retrouve identique, sans qu’on puisse assurer que l’expression même appartient à Aristote : εἰ μὲν φιλοσοφητέον, φιλοσοφητέον, καὶ, εἰ μὴ φιλοσοφητέον, φιλοσοφητέον, πάντως ἄρα φιλοσοφητέον. Cf., sur le Προτρεπτικός, Zeller, 63, 1.
  2. P. 65, 23, éd. Vitelli (vol. XVI de la collection précitée).
  3. Ce traité n’est certainement pas de Théophraste ; il est probablement, comme l’a montré Diels (Abhdl. d. berl. Akad., 1900), l’œuvre d’un Péripatéticien éclectique du ier siècle de l’ère chrétienne. L’auteur est particulièrement mal informé en ce qui concerne Xénophane. Il semble que Simplicius ait eu l’ouvrage entre les mains.