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DIX-HUITIÈME LEÇON


LE MOUVEMENT ET LE PREMIER MOTEUR

La Φυσικὴ ἀκρόασις est destinée à exposer ce qu’il y a de fondamental aux yeux d’Aristote dans les phénomènes naturels et dans leurs causes. Or ce n’est pas par leurs détails secondaires que ces phénomènes et ces causes se rattachent à la philosophie première : c’est par ce qui constitue leur fond commun. Voilà pourquoi Aristote n’attend pas d’avoir achevé la physique pour en montrer le lien avec la métaphysique. Avant de passer à l’étude spécifique des divers phénomènes naturels et de leurs causes, étude qui est l’objet du De caelo, du De generatione et corruptione et de tous les traités qui suivent sur les choses, non vivantes et vivantes, du monde sublunaire, il s’élève, dans le dernier livre de la Φυσικὴ ἀκρόασις elle-même, non seulement jusqu’au phénomène le plus haut entre les phénomènes naturels, jusqu’au mouvement le plus parfait de tous, mais encore jusqu’à la source de ce phénomène, c’est-à-dire jusqu’à une cause dont l’action seule est naturelle, tandis que cette cause prise en elle-même ne l’est plus[1]. Et en effet, tout en agissant dans la nature (ce qui va de soi, car le mouvement, actualisation du mobile, est dans le mobile [Phys. III, 3 déb.), cette cause n’est pas dans la nature ou, autrement dit, n’est pas une nature, parce qu’elle est la forme en pleine possession d’elle-même,

  1. Phys. II, 7, 198 a, 35 : διτταὶ δὲ αἱ ἀρχαὶ αἱ κινοῦσαι φυσικῶς, ὧν ἡ ἑτέρα οὐ φυσική…