Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/30

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous reviendrons tout à l’heure sur le contenu des deux premiers. Du Περὶ δικαιοσύνης, il ne nous est resté aucun fragment caractéristique (Fragm. 1487 b à 1489 a). Cet ouvrage, en quatre livres, cité par Cicéron dans la République, déjà critiqué par Chrysippe selon Plutarque, et visé par le grammairien Démétrius lequel est probablement antérieur à Cicéron, ne peut manquer d’être authentique. Sa place au premier rang dans les catalogues de Diogène et d’Hésychius le désigne comme dialogue[1]. — L’Eudème n’est pas seulement cité par Plutarque, par les commentateurs d’Aristote ; il l’est encore par Cicéron, et, bien mieux, il semble résulter indubitablement d’un rapprochement de textes que c’est bien à lui qu’Aristote nous renvoie dans le De anima[2]. — Le Περὶ φιλοσοφίας est cité par Philodème et, d’après lui, par Cicéron dans le De natura deorum (I, 13, 33) ; Aristote lui-même y renvoie dans la Physique[3]. Sans doute on peut dire avec Heitz et Zeller qu’Aristote n’a pas l’habitude de désigner ses dialogues par leur titre. Mais il faut bien reconnaître d’autre part, avec Zeller aussi, que le renvoi ne peut viser ni le Περὶ τἀγαθοῦ qu’Aristote n’aurait jamais désigné par l’expression Π. φιλοσοφίας, ni la Métaphysique (Λ, 7, 1072 b, 2), parce qu’Aristote ne pouvait guère, dès la Physique, citer la Métaphysique qu’il a laissée inachevée. Il paraît donc que, somme toute, le Περὶ φιλοσοφίας soit garanti par le témoignage même d’Aristote, comme l’Eudème. Priscien et, d’après une induction, Proclus nous apprennent que le Περὶ φιλοσοφίας était un dialogue[4].

Par son contenu et par sa forme l’Eudème est particulièrement remarquable. Nous y trouvons un Aristote tout platonicien pour la doctrine et, autant que possible, pour

  1. Ibid., p. 58, n. 3.
  2. I, 4 début, cité infra, p. 48, n. 1. À propos de ce texte, voy. Philopon, De an. 141, 22 ; 142, 4 (éd. Hayduck [Commentar. gr. XV]), cité dans les Fragm. 1481 b, 20 sqq. Cf. Zeller, p. 58, n. 1.
  3. II, 2, 194 a, 35 : διχῶς γὰρ τὸ οὗ ἕνεκα· εἴρηται δ’ ἐν τοῖς περὶ φιλοσοφίας. Cf. Bonitz, Index Aristotelicus (vol. V de l’éd. de Berlin), 104 b, 28.
  4. Zeller, p. 58, n. 2 ; cf. p. 64, n. 1.