Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/294

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

logiques, bien que déjà physiques à quelque degré dans la pensée d’Aristote (λογικῶς b, 4), qui nous intéressent le plus, aussi les réserverons-nous pour la fin. — Voyons ses arguments les plus physiques. Le corps infini des Physiologues est-il composé ? Si chacun des éléments qui le composent est fini, le tout est fini. D’autre part, il est impossible qu’ils soient tous infinis ; car un infini ne laisse pas de place pour autre chose que lui. Enfin, si, les autres éléments étant finis ; l’un d’eux est infini, cet élément, fût-il le moins agissant de tous, l’emportera pourtant sur tous les autres et les ramènera à sa propre nature ; de sorte que, dans ces conditions, il n’y aura pas de composé possible (5, 204 b, 10-23). Le corps infini serait donc un corps simple. Mais il n’y a pas de corps simple unique, soit qu’on entende par là l’un des quatre éléments, tel le feu d’Héraclite, soit au contraire qu’il s’agisse de l’Infini d’Anaximandre, supérieur aux quatre éléments. Un tel corps n’existe pas, puisqu’on ne l’a jamais aperçu au terme d’aucune corruption (5, 204 b 22-205 a, 7 ; cf. 4, 203 b, 10). Mais l’argument physique qu’Aristote estime le plus considérable, parmi ceux qu’il oppose à l’existence de l’infini, est certainement celui qu’il tire de sa doctrine sur le lieu. Tout corps a un lieu naturel. Or un lieu est quelque chose de déterminé et de fini. Le haut et le bas, qui sont des déterminations spatiales, réelles en soi et non pas seulement par rapport à une position que nous occupons, n’auraient aucun sens dans l’infini. Ils désignent des régions limitées de l’espace : le haut, c’est ce qui est éloigné du bas au maximum, et le bas est ce au-dessous de quoi on ne peut descendre, et, d’autre part, ce qui occupera le bas sera séparé par une limite ou par des intermédiaires de ce qui occupera le haut. Dans ces conditions il n’est pas possible que rien de corporel soit infini (5, 205 a, 8-fin du ch.). — Restent maintenant les arguments moins physiques et plus logiques que nous avions ajournés. Il y en a deux. Le premier se fonde sur la définition du corps en général. Qu’est-ce qu’un corps ? C’est ce qui est limité par une surface. D’après cela il ne saurait y avoir de corps infini, que ce corps soit d’ailleurs sensible ou qu’il soit intelligible, c’est-