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Donc tous les animaux sans fiel vivent longtemps.

Soit : Γ est Α, Β est Γ, Β est Α. Il est clair que l’homme, le cheval et le mulet ne constituent pas un moyen-terme réel, conforme à l’ordre de la nature. Car, si nous demandons pourquoi les animaux sans fiel vivent longtemps, on répondra : précisément parce qu’ils sont sans fiel.

Pour compléter l’explication du texte d’Aristote, il ne nous reste plus qu’à nous demander ce qu’il pense de la valeur de son exemple, et surtout s’il croit véritablement avoir apporté une énumération complète des animaux sans fiel. La proposition que tous les animaux sans fiel vivent longtemps est véritablement une loi aux yeux d’Aristote. Le traité Des parties des animaux (IV, 2, 677 a, 15-b, 1) dit que l’absence de fiel peut être une cause, ou au moins un signe de longévité. Et on comprend en effet qu’il en soit ainsi dans la physiologie aristotélicienne. Le foie, si riche en vaisseaux sanguins, est, grâce à l’afflux du sang, doué d’une haute température et joue, par suite, un rôle considérable dans la digestion ou coction des aliments (cf. ibid., III, 7, 670 a, 20). Or la vésicule biliaire est destinée à recevoir les produits excrémentiels qui peuvent se dégager du foie et du sang qu’il contient. L’absence de cette vésicule, d’autant qu’elle coïncide avec une belle couleur et une saveur douce dans le tissu du foie, indique la pureté de cet organe. C’est pourquoi, conclut Aristote, certains des anciens ont eu raison de dire que les animaux sans fiel vivent plus longtemps, puisqu’on aperçoit que l’état d’un organe aussi important que le foie peut influer sur la vie de l’animal. — Pour ce qui est de l’énumération qui constitue le moyen du syllogisme inductif, c’est par fiction, on n’en peut douter, qu’Aristote l’a considérée comme complète. L’Histoire des animaux (II, 15, 506 a, 20) nous apprend qu’un certain nombre d’animaux (une espère de cerfs, les daims, les phoques, les dauphins, d’autres encore n’ont pas de fiel. Les mêmes observations sont répétées et accompagnées d’autres analogues dans le chapitre des Parties des animaux que nous avons cité (cf. IV, 2, 676 b, 20 sqq.). La présence et l’absence de fiel, y est-il dit, se rencontreraient l’une et l’autre dans un même genre et