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QUATORZIÈME LEÇON


LES AXIOMES, LES DÉFINITIONS, L’INDUCTION

D’après ce que nous avons vu dans la leçon précédente, la science et la démonstration sont pour Aristote des termes à peu près coextensifs : c’est à peine si l’on peut parler d’une science qui ne serait pas démonstrative. Mais cela ne signifie pas que, pour établir la science, il n’y ait qu’à recourir à la démonstration seule, ou, autrement dit, que la science soit le seul mode de connaissance et qu’elle se suffise à elle-même. La vérité est, au contraire, que le domaine de la démonstration et de la science est, non seulement fini, mais encore borné, c’est-à-dire entouré par une autre espèce de connaissance où la démonstration et la science trouvent leur point de départ et leur terme. Si l’on ne pouvait connaître que ce qui est démontré, ou bien il faudrait démontrer circulairement la conséquence par son principe et le principe par sa conséquence, et cela en prenant le mot de démontrer dans le même sens la première fois et la seconde, ou bien il faudrait remonter à l’infini de principe en principe. Mais la démonstration circulaire, qui ne serait d’ailleurs possible qu’avec des propositions susceptibles de se réciproquer, s’abîmerait dans l’insignifiance de la tautologie, et la régression à l’infini équivaudrait à un aveu de l’impossibilité de la science (An. post. I, 3). La vérité est que la série des propositions par lesquelles s’établit la science est finie. En premier lieu, si nous voulons nous élever dans l’échelle des prédicats, nous aboutissons finalement à des genres derniers. Si, en second lieu, nous