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supérieur par l’inférieur. En effet le plus général est aussi le plus simple et le plus vide, de sorte que, s’il faut expliquer par le plus général, ce qu’il y a de spécifique dans les choses ne recevra en somme aucune explication. Bien entendu, cette tendance est sans cesse tenue en échec par la tendance opposée. — Cette lutte des deux tendances apparaîtra dans deux commentaires assez différents qu’Aristote donne lui-même de sa formule, que savoir c’est connaître par la πρώτη αἰτία ou, comme il dit aussi, par l’ἀκρότατον αἴτιον (Phys. II, 3 déb. et 195 b, 21). Il est admis que, afin de pouvoir servir de moyen-terme dans la démonstration, la cause doit être antérieure à ce qu’il s’agit d’expliquer et qu’elle ne doit pas être médiatisée par d’autres causes (An. post. I, 2, 71 b, 19 et 9, 76 a, 19). Mais ce qu’il s’agit de savoir, c’est si la cause qui est antérieure et non médiatisée est la cause la plus élevée possible dans la hiérarchie de l’extension, ou si, au contraire, ce doit être la cause la plus riche possible en compréhension, celle qui rend compte sans autre condition du plus grand nombre possible des caractères de l’objet. L’incertitude est grande. Aristote entend certainement, quelquefois au moins, par causes premières les causes les plus éloignées des faits à expliquer : telles les premières causes de la nature, dont il est question au début des Météorologiques. Ne dit-il pas d’ailleurs que l’universel, objet de la science et identique à la cause, est-ce qui est le plus loin de la sensation, c’est-à-dire du particulier (An. post. I, 2, 72 a, 1) ? Mais il y a une contre-partie. Voici en effet ce que nous lisons dans la Métaphysique : « Lors donc qu’on cherche la cause, comme la cause se dit en plusieurs sens, il faut indiquer toutes les causes possibles. Par exemple, quelle est la cause matérielle de l’homme ? Ne sont-ce pas les menstrues ? Quelle est sa cause motrice ? N’est-ce pas la semence ? Quelle est sa cause formelle ? La quiddité de l’homme. Quelle est la cause finale ? La fin de l’homme. Ces deux dernières causes n’en font d’ailleurs peut-être qu’une seule. Quoiqu’il en soit, il faut indiquer les causes les plus rapprochées. Quelle est la matière ? Ce n’est pas le feu ou la terre, c’est la matière propre. Voilà comment il faut procéder au sujet