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Hymne à la vertu. Hermias fut tué en trahison par les Perses, comme nous l’apprend Aristote lui-même dans l’inscription de la statue qu’il lui avait élevé à Delphes. On ne sait au juste si c’est avant cet événement, ou plus tard, qu’Aristote, après un séjour de trois années auprès de son ami, quitta Assos pour se rendre à Mytilène, en 345/4. Après la mort d’Hermias, il avait épousé la nièce ou fille adoptive de celui-ci, Pythias, dont il prescrit dans le testament que les restes soient réunis aux siens. Ajoutons tout de suite que, après la mort de Pythias, Aristote avait épousé Herpyllis, au dévouement de laquelle il rend hommage dans son testament, en même temps qu’il prend soin d’assurer son avenir et la recommande à ses amis ; c’est elle qui fut la mère de Nicomaque[1].

C’est de Mytilène que, en l’année 343 ou au commencement de 342, Aristote fut appelé en Macédoine par Philippe pour faire l’éducation d’Alexandre, alors âgé de treize ans[2]. Sur l’enseignement qu’Aristote donna à son élève on ne sait rien de précis, et Plutarque est réduit à des suppositions[3].

Après être resté huit ans auprès d’Alexandre, Aristote revint à Athènes, en 335/4, et c’est là qu’il enseigna pendant une douzaine d’années, faisant preuve, aussi bien comme professeur que comme auteur, d’une extrême activité. Il avait choisi pour lieu de son enseignement le Lycée, gymnase attenant au temple d’Apollon Lycien. Sous les ombra-

  1. Sur tout ceci, voir Zeller, p. 20 sq. avec les notes. L’Hymne à la vertu et l’inscription à la mémoire d’Hermias se trouvent dans les fragments, nos 625 et 624, p. 1583, b et a. Pour ce qui se rapporte au Testament, voir Diog. La., 16 et 13.
  2. Diogène dit, il est vrai, qu’Alexandre avait quinze ans. Mais Apollodore ne pouvait ignorer que ce prince était né le 19 juillet 356. Il y a donc là une altération du texte (cf. Jacoby, p. 339). Quant à la prétendue lettre de Philippe à Aristote au sujet de cette éducation, au moment même de la naissance d’Alexandre, c’est un faux dont il est inutile de parler davantage ; cf. Zeller, 23, 3.
  3. Les deux lettres d’Alexandre à Aristote au sujet de la publication des ouvrages ésotériques, dont parle Plutarque sont fausses vi materiae, comme on le verra plus tard, p. 53, n. 3. Cf. Zeller, p. 23, n. 4.