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fond les trois figures par les rapports d’extension entre les extrêmes et le moyen. Or il est clair qu’il n’y a que trois cas possibles : le moyen-terme est, soit d’une extension intermédiaire, soit le plus, soit le moins étendu des trois termes. Sans doute Aristote ne se fait pas faute, nous l’avons vu, de caractériser aussi les figures par la place grammaticale du moyen dans les prémisses ; mais c’est là une considération accessoire et non pas fondamentale. Par conséquent on est fondé à dire[1] que, quand Galien a inventé la quatrième figure, il n’a pas complété la classification d’Aristote, mais avancé une classification nouvelle, fondée sur un principe tout différent.

Reste à considérer les rapports des deux dernières figures avec la première. Les syllogismes des deux dernières figures sont tous imparfaits (An. pr. I, 5, 28 a, 4 et 6, 29 a, 14) ; ceux de la première figure, au contraire, sont tous parfaits (4, 26 b, 28). Un syllogisme parfait est celui qui, en dehors de ce qui est posé dans ses prémisses, n’a besoin de rien pour que l’évidence du lien nécessaire qui rattache la conclusion aux prémisses apparaisse ; par contre, le syllogisme imparfait est celui qui a besoin qu’on dégage de ses prémisses quelques relations qui y sont impliquées, mais non pas posées[2]. Si les syllogismes de la première figure sont évidents, c’est assurément par la place qu’y occupe le moyen qui, au point de vue de l’extension, est contenu d’une part et contenant de l’autre. Si les syllogismes des deux dernières figures manquent d’évidence, c’est que le moyen n’y occupe pas la même situation ; et enfin, s’ils renferment, mais implicitement, tout ce qu’il faut pour conclure, cela signifie que leur moyen peut recevoir par un traitement convenable, la position privilégiée qui caractérise celui de la première figure. On peut se demander comment des conversions

  1. Trendelenburg, El. log. Ar. 103 sq. (§ 28).
  2. An. pr., I, 1, 24 b, τέλειον μὲν οὖν καλῶ συλλογισμὸν τὸν μηδενὸς ἄλλου προσδεόμενον παρὰ τὰ εἰλημμένα πρὸς τὸ φανῆναι τὸ ἀναγκαῖον, ἀτελῆ δὲ τὸν προσδεόμενον ἢ ἑνὸς ἢ πλειόνων, ἃ ἔστι μὲν ἀναγκαῖα διὰ τῶν ὑποκειμένων ὅρων, οὐ μὴν εἴληπται διὰ προτάσεων.