Page:Hamelin - Le Système d’Aristote.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

question appartienne toujours au sujet et également faux qu’il ne lui appartienne jamais. — Au reste Aristote n’a pas fait expressément l’analyse que nous venons d’essayer, et, d’une manière générale, on peut dire qu’il n’a rien fait pour démontrer l’opposition des propositions. Cependant, s’il est impossible de démontrer[1] que de deux contradictoires, l’une étant vraie, l’autre est fausse et réciproquement, il est en revanche facile de démontrer que deux contraires ne peuvent être vraies toutes deux, ou que deux subcontraires ne peuvent être fausses toutes deux, puisqu’on peut passer de la vérité d’une universelle à la vérité de la particulière et de la fausseté d’une particulière à celle de l’universelle, ce qui nous ramène au cas des contradictoires. Aristote, à la différence des logiciens du Moyen-Âge, a préféré s’en tenir entièrement à une vérification par des exemples. — Cette remarque faite, revenons aux diverses espèces d’opposition. Nous venons de parler incidemment des subcontraires. Aristote ne connaît pas le mot[2], mais il connaît la chose : il sait qu’on peut mettre en face l’une de l’autre deux particulières différentes de qualité, et il admet qu’elles peuvent être vraies toutes deux (Hermen. 10, 20 a, 19). Il ajoute d’ailleurs que ce ne sont point, en réalité et quant au fond, des propositions opposées, qu’elles le sont seulement dans le langage[3]. Reste l’opposition des singulières et celle des indéterminées. Aristote admet que les singulières opposées se comportent comme des contradictoires et que les indéterminées se comportent comme des particulières (Hermen. 7, 17 b, 26-34). — Pour ce qui

  1. Car une prétendue démonstration, telle que celle de Rondelet, Théorie des propositions modales (Paris, 1861 ; cf. sa thèse latine de 4847), p. 141, démonstration fondée sur le principe de contradiction, est une évidente pétition de principe.
  2. C’est seulement dans Alexandre qu’on le trouve, An. pr. 45, 23, éd. Wallies (Comm. gr. II, 1) : ὅταν δὲ ὦσιν ἐπὶ μέρους ἀμφότεραι ἐναντίαι, ὑπεναντίαι καλοῦνται. Voir aussi Ammonius De interpret. 92, 21 ; 409, 49, éd. Busse (IV, 5) (Schol. 145 a, 15).
  3. Pr. anal. II, 15 s. in. : λέγω δ’ ἀντικειμένας εἶναι προτάσεις κατὰ μὲν τὴν λέξιν τέτταρας,… κατ’ ἀλήθειαν δὲ τρεῖς· τὸ γὰρ τινὶ τῷ οὐ τινὶ κατὰ τὴν λέξιν ἀντίκειται μόνον.