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I, 1, 24 a, 17-22). Aristote traite les singulières comme des universelles, et les indéterminées comme des particulières, ainsi que nous aurons l’occasion de le constater tout à l’heure (Voy. Hermen. 7, 17 b, 26). — Cette manière de traiter les indéterminées met l’accent sur l’importance qu’Aristote attribue à la quantité logique. Nous avons vu qu’Aristote interprète les propositions en compréhension, en tant du moins qu’il s’agit de l’attribut. Il n’a donc aucune velléité de quantifier l’attribut, et nous verrons qu’il se garde de justifier la conversion des propositions par des règles telles que celles dont se sont avisés les logiciens du Moyen-Âge, à savoir que l’attribut des affirmatives est particulier et celui des négatives universel. Mais cela ne l’a pas empêché de faire jouer un grand rôle dans sa logique à la quantité des sujets et, par suite, des propositions. Si Aristote, dans sa logique, s’était placé à un point de vue exclusivement rationaliste, s’il avait voulu que les sujets des propositions fussent toujours des notions parfaitement définies, ainsi qu’il arrive dans les mathématiques, il aurait fait bon marché de la quantité logique et considéré la proposition indéterminée comme le vrai type de la proposition logique. On dit « le triangle vaut deux droits » ; on n’a que faire de dire « tous les triangles valent deux droits ». Il en est autrement quand on se place avec Aristote à un point de vue plus empirique. À ce point de vue il faut distinguer tous de quelques, et c’est même là une distinction capitale. Le signe « quelques » est la caractéristique d’une détermination empirique. Si nous disons en effet « quelques hommes sont blancs », c’est que notre sujet « hommes » n’est pas ici rigoureusement déterminé. Si nous déterminions rigoureusement ce sujet, nous pourrions dire « l’homme caucasique est blanc ». Mais une telle détermination n’est pas possible dans tous les cas ; elle ne l’est pas pour les cas où l’attribut est accidentel, c’est-à-dire encore pour les jugements qui n’ont pas et ne peuvent pas avoir d’autre fondement que l’expérience. Si donc il y a dans la connaissance une part pour l’expérience, et surtout une part non pas seulement provisoire, mais une part définitive, c’est-à-dire encore s’il y a de la contingence dans le monde, il faut que la logique tienne compte de la quantité