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attributs par soi, l’union du prédicat avec le sujet sera fondée sur la nature même des deux termes. Alors, dans l’un des deux cas qu’il faut distinguer ici, le sujet sera dit être contenu dans l’attribut ; dans l’autre cas, le plus fréquent et le plus typique, ce sera l’attribut qui sera contenu dans le sujet. Ce rapport s’exprime, non plus seulement par le verbe ὑπάρχειν avec le datif, appartenir à (expression qui s’applique même à l’attribut accidentel), mais, souvent du moins, par les expressions plus précises de ὑπάρχειν ἐν ou de ἐνυπάρχειν, être dans ou immanent à (Bonitz, Ind., 789 a, 12 et 257 a, 59). À ce propos faisons en passant une remarque importante : pour marquer l’attribution Aristote ne dit pas « Β est Α », mais « à Α, Β appartient, τῷ Α ὑπάρχει Β », ou « ἐν τῷ Α ὑπάρχει Β ». Or cette manière de s’exprimer indique qu’Aristote interprète le jugement en compréhension et non en extension. Quelque part qu’il fasse ailleurs à la quantité logique, et nous verrons que cette part est très grande, il est certain que, lorsqu’il s’agit de la proposition, Aristote n’a aucune velléité de recourir aux titres de classe, ni à des cercles qui représenteraient l’extension des termes. En somme donc le rapport, qui dans la réalité fonde l’unité du jugement, lorsqu’il ne s’agit pas d’un pur rapport de fait, est un rapport d’immanence de l’attribut dans la compréhension du sujet, ou inversement.

L’acte mental par lequel se fait pour nous l’unité du jugement est l’affirmation ou la négation. Aristote a dégagé de la manière la plus expresse cette caractéristique du jugement. Il commence par opposer les discours qui ne sont pas des jugements à ceux qui en sont, ou, comme il dit, les discours qui sont déclaratifs, ἀποφαντικοί, à ceux qui ne le sont pas. Ces derniers, par exemple les souhaits, sont à renvoyer à la rhétorique et à la poétique[1]. Ainsi

    vante du συμβεβηκός proprement dit, Métaph. Δ, 30 déb. : συμβεβηκὸς λέγεται ὃ ὑπάρχει μέν τινι καὶ ἀληθὲς εἰπεῖν, οὐ μέντοι οὔτ’ ἐξ ἀνάγκης οὔτ’ ἐπὶ τὸ πολύ… Cf. Bonitz, Ind., 714 a, 20.

  1. Hermen. 4, 17 a, 2 : ἀποφαντικὸς δὲ οὐ πᾶς [λόγος], ἀλλ’ ἐν ᾧ τὸ ἀληθεύειν ἢ ψεύδεσθαι ὑπάρχει. οὐκ ἐν ἅπασι δὲ ὑπάρχει, οἷον ἡ εὐχὴ λόγος μέν, ἀλλ’ οὔτε ἀληθὴς οὔτε ψευδής. οἱ μὲν οὖν ἄλλοι ἀφείσθωσαν· ῥητορικῆς γὰρ ἢ ποιητικῆς οἰκειοτέρα ἡ σκέψις· ὁ δὲ ἀποφαντικὸς τῆς νῦν θεωρίας. Il