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la contrariété au noir et au blanc, si rien ne prédestine le noir et le blanc à recevoir cette forme ? Il faut donc, en bonne doctrine aristotélicienne, comme aussi en vérité, que le noir et le blanc, et en général tous les contraires, soient jusqu’au fond imprégnés de contrariété, que le contenu de chacun deux ne se comprenne que par le contenu de son opposé. Si cette conclusion est juste, nous avons réussi cette fois à ramener, quant à son élément générique, la contrariété à la corrélation. — De là suivent des conséquences importantes. Il ne reste plus en présence que deux sortes d’opposition : la corrélation et la contradiction. Or, cela étant, la corrélation devient l’élément fondamental et partout présent de l’opposition. En effet ce rôle ne peut être joué par la contradiction ; car, si l’on prend en eux-mêmes des termes contradictoires, ils apparaissent comme entièrement isolés l’un de l’autre, et on ne comprend pas comment une pareille opposition est en même temps une liaison. Au contraire on comprend que, si c’est une loi fondamentale de la pensée que dépasser d’un corrélatif à l’autre, la pensée puisse épuiser progressivement toutes les corrélations, jusqu’à ce que cette loi expire enfin dans une dernière corrélation où l’un des corrélatifs est la négation pure et simple de l’autre. De cette façon l’idée d’Aristote se trouve conservée, que les oppositions forment un système : le système est seulement réduit à deux articles principaux. — L’opposition de corrélation peut et doit d’ailleurs se subdiviser autant que besoin est. Car cette opposition est infiniment plus souple et plus complexe qu’Aristote ne l’a cru. S’il est vrai, comme il l’a bien vu, que les corrélatifs ne sont que l’un par rapport à l’autre, il faut se garder de prendre dans un sens trop étroit la proposition, qu’il a d’ailleurs entourée lui-même de quelques restrictions prudentes, que les corrélatifs sont simultanés par nature (Cat. 7, 7 b, 15 ; cf. p. 133, n. 2). Cela ne peut pas signifier que les corrélatifs existent toujours dans le même temps, ni même qu’ils possèdent toujours autant de réalité l’un que l’autre. Aristote a bien soin de ne pas compter parmi les relatifs l’antérieur et le postérieur ; cependant il est clair que c’est là une séparation artificielle et qu’il n’y a d’avant