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mence par distinguer entre les substances premières et les substances secondes (déb. à 2 a, 19). Parmi les substances secondes, l’espèce est plus substance que le genre (2 b, 7-28). Il n’y a d’ailleurs que les espèces et les genres qui soient des substances secondes, parce que seuls ils expriment l’essence des substances premières, quand on dit par exemple de tel homme, substance première, que c’est un homme, un animal ; au contraire, des termes tels que blanc, (il) court, etc. ne donnent pas l’essence (b, 29-a, 6). Tandis que la substance première n’est, comme on l’a vu, ni ἐν ὑποκειμένῳ ni καθ’ ὑποκειμένου, le sujet ne pouvant être ni dans un sujet ni attribut d’un sujet, la substance seconde en revanche n’est pas ἐν ὑποκειμένῳ, car l’homme n’est pas partie ou fonction de tel homme particulier, mais elle est καθ’ ὑποκειμένου (a, 7-21). De plus la substance seconde ne signifie pas le particulier et l’individuel, τόδε τι, elle est un universel, plus ou moins d’ailleurs selon qu’il s’agit de l’espèce ou du genre et selon le degré d’élévation de ce genre. Elle signifie une qualification, un ποιόν, à savoir le ποιόν de la substance première, mais non un ποιόν qui ne soit que cela, comme le blanc par exemple (3 b, 10-23). Ajoutons que les substances, tant premières que secondes, n’ont pas de contraires (b, 24-32) et qu’elles n’admettent pas le plus et le moins (b, 33-4 a, 9). Enfin ce qui, plus que tout, est le propre de la substance, c’est l’aptitude à recevoir en elle les contraires, tandis que cette aptitude fait défaut à toutes les autres catégories : il est impossible en effet qu’une couleur, une action, sans perdre leur unité et leur identité numériques, c’est-à-dire leur individualité, soient le sujet de contraires, comme blanc et noir, bon et mauvais (4 a, 10, ad fin.)[1].

  1. Ce morceau est d’une importance capitale : en voici le début (a, 10-21) : μάλιστα δὲ ἴδιον τῆς οὐσίας δοκεῖ εἶναι τὸ ταὐτὸν καὶ ἓν ἀριθμῷ ὂν τῶν ἐναντίων εἶναι δεκτικόν, οἷον ἐπὶ μὲν τῶν ἄλλων οὐκ ἂν ἔχοι τις τὸ τοιοῦτο προενεγκεῖν, ὅσα μή ἐισιν οὐσίαι, ὃ ἓν ἀριθμῷ ὂν τῶν ἐναντίων δεκτικόν ἐστιν, οἷον τὸ χρῶμα, ὅ ἐστιν ἓν καὶ ταὐτὸν ἀριθμῷ, οὐκ ἔσται λευκὸν καὶ μέλαν, οὐδ’ ἡ αὐτὴ πρᾶξις καὶ μία τῷ ἀριθμῷ οὐκ ἔσται φαύλη καὶ σπουδαία· ὡσαύτως δὲ καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων, ὅσα μή ἐισιν οὐσίαι, ἡ δέ γε οὐσία ἓν καὶ ταὐτὸν ἀριθμῷ ὂν δεκτικὸν τῶν ἐναντίων ἐστίν, οἷον ὁ τὶς ἄνθρω-