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gorie, ce serait un attribut[1]. — On peut faire à cette manière de voir deux objections, dont la première est facile à lever et dont la seconde ne porte pas, — parce qu’elle prouverait trop. La première objection, c’est qu’un attribut fait partie d’une proposition et qu’une catégorie est une notion prise à part. — Sans doute, répondrons-nous, une catégorie n’est pas un attribut dans sa fonction d’attribut ; mais c’est une notion qui peut devenir un attribut. — La seconde objection est que la première des catégories, ou la substance, est précisément ce qui ne peut être attribut de rien. — On pourrait dire que la substance seconde s’attribue à la substance première comme sujet (Cat. 5, 2 a, 19), et que la substance première peut elle-même devenir attribut par accident : cette chose blanche est Socrate (Pr. an. I, 27, 43 a, 33). Mais ces deux réponses seraient sans valeur. Ce qu’il faut dire, c’est qu’il est impossible de trouver une notion qui convienne à la fois aux autres catégories et à la substance, que dès lors celle-ci constituera toujours un ordre à part et que tout ce qu’on peut faire est de définir l’ensemble des autres catégories : autrement il n’y aura aucune définition possible des catégories en général. Peut-être d’autre part faudrait-il ajouter que, si les catégories renferment la substance, ce ne serait du moins que la substance seconde. En effet la science discursive, qui procède par notions, par attribution d’universaux à un sujet, ne peut pas porter sur un être qui n’a rien de commun avec les universaux. Cette substance ne peut jamais être que la substance seconde, et non pas la substance première.

Sous ces réserves donc les catégories sont des attributs possibles, et, selon la distinction que fait le 2e  chapitre des Catégories, elles sont καθ’ ὑποκειμένου, et non ἐν ὑποκειμένῳ. Être ἐν ὑποκειμένῳ, c’est résider dans un sujet, sinon à titre de partie intégrante de ce sujet, du moins comme devant y trouver un siège et un support : ainsi la grammaire est

  1. Pr. anal. I, 27, 43 a, 29 : il y a des êtres qui ne sont attributs de rien ; il y en a d’autres qui sont attributs, mais ne reçoivent pas d’attributs antérieurs à eux. τὰ δ’ αὐτὰ μὲν κατ’ ἄλλων κατηγορεῖται, κατὰ δὲ τούτων ἄλλα πρότερον οὐ κατηγορεῖται.