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un principe qui est à l’œuvre dans les choses. On doit même ajouter que ce principe n’est pas, au fond, une généralité qui, dans le monde des essences, soit comme une essence qui enveloppe et pénètre des essences subordonnées. La loi de non-contradiction prend en chaque sorte d’essences, ou même on chaque essence, un caractère spécial : c’est, par exemple, l’impair comme impair qui repousse la division par un multiple quelconque de deux. Chaque essence a sa loi de non-contradiction, à elle adaptée et à elle propre. Ainsi, pour Aristote, la logique n’est pas même formelle en ce sens qu’elle aurait pour objet un genre suprêmement général et qui envelopperait tous les autres. — Il est vrai qu’Aristote a fait, dans les Premiers analytiques, une théorie du syllogisme, dans laquelle cette forme essentielle du raisonnement apparaît comme dégagée de tout contenu. Mais d’abord il faudra demander à la métaphysique si le syllogisme est, à proprement parler un procédé général, ou s’il n’est pas seulement l’équivalent d’un procédé général. Ensuite les Premiers analytiques ne sont pas toute la logique d’Aristote. Le syllogisme, tel qu’ils l’étudient, convient indistinctement à toutes les sciences et, qui plus est, à la dialectique aussi bien qu’à la science. Mais, à côté des Premiers, il y a les Seconds analytiques ; ou plutôt ce sont ceux-ci qui sont la cause finale de ceux-là. Or les Seconds analytiques étudient non plus tout syllogisme, mais le syllogisme démonstratif seulement, c’est-à-dire celui qui s’adapte aux exigences de l’objet de la science.

Aristote, ainsi opposé à la logique formelle, aurait-il donc absorbé la logique dans la métaphysique et conçu la logique comme la science de la pensée nécessaire en tant qu’identique avec l’être, en un mot à peu près comme les Hégéliens, qui la définissent la science de l’idée pure ? Les notions, prises en elles-mêmes et élevées au-dessus des contingences du monde sensible, se constitueraient et s’enchaîneraient d’une façon nécessaire ; cette constitution et cet enchaînement des idées pures seraient l’objet du savoir, ou le savoir puisque c’est tout un, et la logique serait elle-même l’idée de ce savoir. La constitution de cette idée