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SEPTIÈME LEÇON


NATURE DE LA LOGIQUE. — LES CATÉGORIES

De quelque manière qu’il faille ensuite interpréter plus précisément cette expression vague, tout le monde doit convenir que la logique est une réflexion, et même un ensemble de réflexions, sur les procédés de la pensée. Or un tel ensemble de réflexions suppose avant lui, d’abord, l’exercice naturel et irréfléchi de la pensée, ensuite, la formation d’un grand nombre de réflexions isolées sur lesdits procédés. Ces deux conditions préalables de l’apparition de la logique ont été réalisées par les prédécesseurs d’Aristote. Au moment où la pensée passe de l’action ou, pour mieux dire, de l’imitation esthétique de l’action, de l’activité de jeu, au savoir, elle est bien près de réfléchir sur elle-même. Car, dès qu’elle aura créé, soit une science, soit une certaine somme d’explications visant à être scientifiques, la pensée trouvera inévitablement dans cette création, c’est-à-dire en elle-même, un nouvel objet de savoir. Aussi les premières réflexions sur les procédés de la pensée apparaissent-elles de bonne heure dans le développement merveilleusement rapide, de la pensée grecque entre Thalès et Socrate. À peine les penseurs grecs ont-ils commencé la constitution de la géométrie et, d’autre part, rassemblé un certain nombre d’hypothèses physiques, que la réflexion de la pensée sur elle-même commence de se faire jour : telles sont les plaintes des Physiologues sur la faiblesse des moyens de connaître et notamment sur la faiblesse des sens ; telle est encore la découverte, que fait Parménide, d’un véritable critère de la vérité, avec son principe : ἔστιν ἢ οὐκ