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Alpes pour se faire couronner par le pape Clément et débattre avec lui les destinées de l’Italie. Les princes italiens se pressaient à la cour du maître qui tenait dans ses mains leur fortune ; parmi eux, le duc de Ferrare qui convoitait Reggio et Modène, le marquis de Mantoue qui voulait être duc. Titien pouvait servir leurs ambitions et c’est ainsi que sa personne et son art furent mêlés de près aux marchandages de la politique. Gonzaga le fit venir à Bologne où il fut présenté à l’Empereur, mais il ne semble pas, malgré le dire de Vasari, que, dès cette première entrevue, il ait fait le portrait de Charles. À coup sûr, ses œuvres étaient fort appréciées dans l’entourage impérial ; nul cadeau ne pouvait mieux gagner les bonnes grâces des conseillers intimes. La collection d’Alphonse d’Este fut mise au pillage par le secrétaire d’État Covos, qui n’hésita pas à se faire remettre le portrait même du duc pour le donner à l’Empereur. Pour complaire à ce même Covos, Titien fut rappelé à Bologne dans l’été de 1530, sans autre raison que de faire le portrait d’une suivante de la comtesse Pepoli, dont la beauté avait frappé le diplomate espagnol. Il y tomba malade et ne rentra à Venise que pour voir mourir sa femme Cecilia, dont on sait si peu de chose, dont on ne pourrait même dire avec certitude si son image a survécu dans l’œuvre du peintre. Elle lui laissait trois enfants dont l’aîné avait cinq ans (il est probable que Titien s’était marié vers 1523), deux fils, Pomponio qui ne donna à son père que déboires et soucis ; Orazio, nature plus docile, qui fut l’élève et