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sant les lagunes de Venise dont la silhouette se dessine là-bas à l’horizon.


IV

Les années suivantes, 1524 et 1525, sont marquées surtout par l’achèvement de deux grandes toiles religieuses destinées toutes deux à ce couvent des Frari qui possédait déjà l’Assomption ; la première, à la chapelle de saint Nicolas, la seconde, à un autel latéral de la principale église, deux œuvres de vastes dimensions. Titien y développa le principe de composition libre et toute pittoresque, qu’il avait essayé dans le Saint Marc, et qui remplaçait la sévère ordonnance des Primitifs. Le Saint Nicolas fait aujourd’hui partie de la collection du Vatican ; mais la partie supérieure de la toile, primitivement cintrée, a été retranchée, on ne sait pourquoi, et, du même coup, le foyer d’où s’épanchait la lumière. Pour la somptuosité du coloris et la puissance des sonorités, le Saint Nicolas est un des chefs-d’œuvre de Titien. Il caractérise fort bien sa manière de parler à l’esprit par des moyens purement pittoresques, par des arrangements que règlent le rythme de la lumière et la modulation des couleurs.

La clarté qui émanait du haut de la toile, effleure en passant le front de la Vierge penchée sur l’enfant, baigne le corps délicat de Jésus qui sourit, et la face antérieure des nuages ; de là, comme une vague qui s’enfle