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volets, l’Annonciation, les Patrons de l’Église et Saint Sébastien. Cette figure nue, vue de profil, attachée à un arbre, la tête pendante, passait pour la plus belle que le maître eût encore conçue et exécutée, et Titien lui-même la déclarait telle. Le triptyque fut envoyé en 1519 à Brescia où il se trouve encore.

D’ailleurs, s’il attendit longtemps l’exécution des promesses du peintre, Alphonse d’Este, lorsqu’en 1523 les trois panneaux furent en place dans son cabinet d’études, put se vanter de posséder les plus belles œuvres que le paganisme eût inspirées à Titien. Ces trois panneaux représentaient l’Offrande à Vénus, la Bacchanale, Bacchus et Ariane. Les deux premiers sont passés de Ferrare au Musée du Prado, le dernier est à la National Gallery.

Le sujet de l’Offrande à Vénus est tiré de Philostrate, un rhéteur grec du troisième siècle de l’ère chrétienne qui avait décrit sous le nom de « tableaux » une collection napolitaine. Mais ce qui sous la plume de l’écrivain de décadence est d’une préciosité raffinée et jolie, traduit par le pinceau de Titien, regorge de naïveté exquise. Dans une prairie en pente, abritée de pommiers touffus, sous un ciel léger de printemps, se dresse la statue de Vénus, au piédestal de laquelle des nymphes viennent appendre leurs offrandes. Mais ce qui attire et captive les regards, au centre de la toile, c’est une cascade de corps potelés et roses, c’est le peuple ailé des petits amours nus et bondissants qui s’ébattent en mille manières, se poursuivent et se culbutent, luttent et s’embras-