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pensive et douce se modèle sur un fond orné de lauriers. Il est infiniment probable que dès 1516 Alphonse d’Este avait chargé Titien de peindre les trois panneaux à sujets mythologiques qui devaient faire pendant à la Bacchanale. Nul mieux que Titien ne pouvait achever dans le même esprit que son maître, mais avec des richesses et des ardeurs insoupçonnées de lui, cet hymne aux énergies de la nature, à la liberté de la vie antique. Sans être un lettré, Titien avait un vif sentiment de l’antiquité. Chez Bellini, il avait appris à admirer la plénitude et la douceur de l’art grec, et souvent il a introduit, même en des sujets chrétiens, des bas-reliefs antiques. La tâche était faite pour lui plaire. Mais, sourd aux objurgations, aux menaces même de l’impatient duc de Ferrare, il la remplit lentement, à son heure. Titien n’était rien moins qu’un improvisateur. Comme nous l’apprend un de ses élèves, il esquissait hardiment « par des coups résolus et par des touches épaisses », puis, laissant reposer ses esquisses, il les reprenait plus tard et les corrigeait sans pitié, « pour les pousser à la plus parfaite harmonie qui pût rendre la beauté de la nature et la beauté de l’art. » Il lui fallait porter longtemps une œuvre pour qu’elle arrivât comme un fruit à la saison de la maturité. D’ailleurs, les commandes affluaient à l’atelier de Titien, et dans ces fécondes années, il menait de front plus d’une tâche. Le légat du pape à Brescia, Averoldo, lui demanda un triptyque pour l’église des saints Nazaire et Celse. La panneau central représente la Résurrection, les