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Cerises du Musée de Vienne est un des exemplaires les plus parfaits de cette manière : beauté aristocratique et douce encadrée d’un voile bleu tendre, la robe rouge assez largement échancrée sur la gorge, les yeux baissés, la Madone, au centre de la composition, se détache sur le rouge sombre d’un rideau broché d’or. L’enfant qu’elle soutient du bras droit, d’un geste mutin et gracieux se rejette vers elle et lui offre une poignée de cerises, tandis que plus bas, à droite, le petit saint Jean s’empresse et présente un autre bouquet. À droite et à gauche, deux saints, dont l’un porte un turban, se modèlent sur l’azur du ciel.

La formule la plus animée et la plus riche de cette donnée est au Musée de Dresde. Dans une harmonie éclatante et grave, le clair visage de la Madone, encadré d’un voile blanc, s’enlève sur un azur chaud parsemé de nuages ; le corps lumineux de l’enfant, debout sur ses genoux, rayonne entre le fond sombre des draperies et la figure bronzée de saint Jean qui le soutient sous le bras. À droite, se découpent sur le ciel la silhouette obscure de saint Paul courbé sur son épée, et sur un fond d’architecture, la Madeleine à demi baignée dans la pénombre fluide ; derrière elle, on entrevoit le saint Jérôme qui lève les yeux vers un crucifix ; l’ensemble est somptueux et fin.

C’est encore une œuvre particulièrement sonore dans les notes graves que la toile du Louvre (dont une réplique est au Musée de Vienne), représentant la Madone et