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de Madrid, que l’on appelle aussi la Gloire. Une Mater Dolorosa également destinée à Charles-Quint et qui devait faire pendant dans son oratoire à un Ecce Homo plus ancien de quelques années, simple et touchante d’expression, est, par exception, d’une couleur peu harmonieuse.

Titien subissait alors une crise. Il se sentait fatigué, malade et par moments découragé. Ses dissentiments avec Pomponio étaient parvenus à l’état aigu. Les traces de ces soucis sont visibles dans un tableau de la collection de Windsor où Titien s’est représenté lui-même, assombri, les traits creusés, à côté d’un patricien inconnu. Pour la dernière fois, en 1555, il s’acquitta des obligations de sa charge en peignant le portrait du doge, Francesco Venier et le tableau votif que chaque doge devait placer dans la salle du Conseil en souvenir de sa magistrature. Tous les tableaux de ce genre ont été détruits par l’incendie, sauf un que Titien fit alors, sur la demande de Venier, à la mémoire du doge Grimani, et qui, resté dans son atelier, ne fut achevé qu’après la mort du maître. Il représente le doge, agenouillé non devant la Vierge, selon l’usage traditionnel, mais devant un personnage allégorique, la Foi, planant sur des nuées, et tenant la croix avec l’aide de petits anges.

Pourtant la vitalité du maître et son ardeur de production n’étaient pas épuisées. Il était plein de grands projets. Lorsque Véronèse, couronné par Titien qui reconnaissait en lui le grand peintre de la génération