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même air de bonté et de candeur ; et ce sera un des plus beaux portraits de sa haute vieillesse.

En novembre 1550, le maître se mettait encore une fois en route pour Augsbourg. Il devait s’y rencontrer pour la dernière fois avec son protecteur impérial. Mais cette fois, il n’eut pas à déployer une activité aussi prodigieuse. La principale tâche qui lui fut confiée, consista à reproduire les traits de l’héritier présomptif, le futur Philippe II. Titien fit de lui un magnifique portrait en pied destiné à Marie Tudor, la vieille fiancée de ce prince de vingt-trois ans. C’est une œuvre admirable et de la plus hautaine allure. Philippe, en chausses de soie blanche, en haut-de-chausses brodé d’or, armé d’une cuirasse ciselée et relevée d’or, est debout, vu de trois quarts, la main droite posée sur son casque, que supporte une console recouverte de velours rouge, la gauche à la garde de son épée. Sa face pâle encadrée de cheveux et de barbe rousse, avec la note rouge de la lèvre inférieure pendante, respire une assurance royale qui fait oublier sa laideur. Comme à son père, Titien lui a donné l’allure grave et la tranquille hauteur d’un souverain : il l’a isolé dans une grandeur absolue. Deux autres portraits de Philippe en costume de cour qui furent exécutés un peu plus tard, et dont l’un est conservé au musée de Naples, l’autre au palais Pitti, n’égalent pas ce premier chef-d’œuvre.

C’est encore pour l’empereur, son fils et ses proches que Titien travailla le plus dans les années qui suivirent son