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BEAUMARCHAIS.

promis de « dire tous les soirs et tous les matins un Ave Maria à son intention ». — « Mon petit ami Constant, répondit le prisonnier, j’ai reçu avec bien de la reconnaissance votre lettre et la bourse que vous y avez jointe ; j’ai fait le juste partage de ce qu’elles contiennent selon les besoins différents des prisonniers mes confrères et de moi, gardant pour votre ami Beaumarchais la meilleure part, je veux dire les prières, les Ave Maria, dont, certes, j’ai grand besoin, et distribuant à des pauvres gens qui souffrent tout l’argent que renfermait votre bourse. »

Beaumarchais, qui tenait à passer pour un « brave homme », aimait à mettre le public dans la confidence de ses enfantillages. Il avait une petite chienne : elle portait à son collier une médaille où était gravé le nom de son maître. Quelqu’un ayant inexactement rapporté cette inscription, lui-même releva l’erreur et c’est par lui que nous connaissons le texte : « Je suis Mlle Follette. Beaumarchais m’appartient. Nous demeurons sur le boulevard. »

Allez donc croire aux calomnies des libellistes contre un homme qui manifeste si puérilement sa tendresse pour les animaux ! Et, à la vérité, Beaumarchais n’était point un méchant. Il a pu cruellement blesser ceux qui se sont mis en travers de sa route ; il ne s’est acharné sur aucun d’eux. Il