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SES DEUX RÉPUTATIONS.

fut le véritable auteur des écrits attribués à Beaumarchais. En émettant cette idée saugrenue, on avait, sans doute, négligé de lire les élucubrations dramatiques ou historiques de cet honnête écrivain : elles sont rassurantes pour la gloire de son ami.

Éditeur des œuvres de Beaumarchais, Gudin défendit son souvenir, le mieux qu’il put. Il avait composé pour son buste le quatrain suivant :

Bon père, bon mari, bon maître, ami sincère,
Simple dans le procès, fier dans l’adversité,
Auteur original, homme à grand caractère,
Il sut dans tous les temps garder sa liberté.


Mais il ne s’en tint pas à cette épigraphe. Il rédigea une histoire complète de Beaumarchais : ce manuscrit a été publié seulement il y a quelques années. L’exactitude des détails n’en fait pas toujours le mérite. Mais on y sent une telle chaleur d’affection, une telle sincérité d’admiration, qu’il est glorieux pour Beaumarchais d’avoir éveillé cet enthousiasme dans le cœur de Gudin.

Retiré de la mêlée, l’homme d’affaires était d’une bonhomie cordiale et charmante. En voici un trait rapporté par Loménie. Lorsque Beaumarchais fut emprisonné au For-l’Évêque, un petit garçon de six ans et demi, fils d’un de ses amis, lui avait envoyé sa bourse « parce que, dans une prison, on est toujours malheureux », et en même temps il lui avait