Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
BEAUMARCHAIS.

tention, ce qui ne l’empêchait pas d’ailleurs de « cartonner » la correspondance, à la prière de l’impératrice de Russie. Puis son mandataire à Kehl compromettait l’entreprise et il fallait plaider. En France même, le clergé s’agitait. On dénonçait Beaumarchais au Parlement.

Au milieu de tous ces embarras, l’édition, commencée en 1783, fut achevée en 1790. Ce fut une spéculation désastreuse : on avait tiré à 15 000 exemplaires et il y eut à peine 2 000 souscripteurs. On raconte, il est vrai, que Beaumarchais tira quand même un heureux parti de son entreprise, qu’il en dissimula les tristes résultats et que, pour donner le change sur d’autres opérations plus fructueuses, il mit parfois en avant les prétendus bénéfices de sa librairie.

Et ce n’était pas tout ! Cet armateur-libraire avait un tel besoin d’agir, d’écrire, d’intervenir, qu’au même moment cent autres objets éveillaient son intérêt et occupaient sa curiosité. Avec Maurepas, il étudiait la fondation d’une caisse d’escompte. Avec Vergennes, il préparait la réorganisation de la ferme générale. Avec Joly de Fleury, il élaborait un projet d’emprunt. Avec les frères Périer, il fondait la Compagnie des Eaux et, en dépit de l’opposition des porteurs d’eau de Paris, faisait construire la pompe à feu de Chaillot. Tout le monde le consultait, les hommes d’État sur les finances et les auteurs sur leurs comédies. Tout le monde s’adres-