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SA VIE ET SES AVENTURES.

l’échéance était lointaine et le recouvrement douteux.

Tous ces atermoiements ne diminuaient pas l’enthousiasme de Beaumarchais pour la cause des Bostoniens. Après la défaite du comte de Grasse et l’anéantissement de la flotte française, ce fut lui qui proposa une souscription nationale pour remplacer les vaisseaux perdus. Il s’adressa aux chambres de commerce, se rendit dans tous les ports pour surexciter le patriotisme des armateurs, et lui-même mit son nom en tête de toutes les listes de souscription. Vergennes lui écrivit à ce propos : « Comme ministre, je n’ai pas le droit d’approuver, mais comme citoyen, j’applaudis de tout mon cœur au sentiment énergique que vous communiquez à vos compatriotes…. Quelque succès que puisse avoir votre démarche, elle n’en fait pas moins d’honneur à votre zèle et c’est avec bien de la satisfaction que je vous en fais mon compliment. »

Beaumarchais connut, à ses dépens, l’ingratitude des États. Les lettres de change sur Franklin furent tout ce qu’il reçut jamais d’Amérique. Quatre fois le congrès fit régler ses comptes : en 1781 par Silas Deane, en 1783 par Barclay, en 1787 par Arthur Lee, en 1793 par Hamilton. Mais, les comptes réglés, on n’envoyait rien. On retardait tout paiement sous prétexte que Beaumarchais devait tenir compte aux États-Unis des sommes versées par le gouvernement français à la maison Rodrigue Hor-