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BEAUMARCHAIS.

ciales de la maison Rodrigue Hortalez et Cie. Beaumarchais riposta par des Observations sur le mémoire justificatif de la cour de Londres : il énumérait toutes les agressions des flottes anglaises contre le commerce français avant la déclaration de guerre, et il y opposait la longue patience de la France. Trois lignes de ce mémoire faillirent perdre son auteur : celui-ci avait commis la légèreté de parler d’un prétendu article secret du traité de 1763, article qui, selon lui, aurait permis à l’Angleterre de limiter le nombre des vaisseaux de la flotte française. Or pareille disposition n’avait jamais été inscrite dans le traité : c’était une pure légende. Choiseul et les anciens ministres de Louis XV demandèrent qu’on supprimât la brochure comme fausse et calomnieuse. Mais Beaumarchais, grâce à l’appui de Vergennes, échappa au péril ; il fut seulement obligé d’effacer les lignes inexactes et put continuer ses opérations.

Elles n’étaient pas très fructueuses. Trompé par les rapports d’Arthur Lee et peut-être aussi, un peu surpris par ce singulier mélange de patriotisme et de mercantilisme qu’on retrouvait toujours dans les écrits et dans les actions de Beaumarchais, le congrès remerciait, mais n’envoyait ni argent, ni tabac, ni coton. Enfin, en octobre 1779, il se décida à faire remettre à Rodrigue Hortalez et Cie 2 544 000 livres, en lettres de change tirées à trois ans sur Franklin. C’était juste la moitié de la dette : puis,