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BEAUMARCHAIS.

que lui servait le gouvernement français afin de s’assurer sa discrétion. D’Éon, ayant été un des dépositaires du « secret du roi », avait conservé toute la correspondance de Broglie relative à un plan de descente en Angleterre imaginé peu de temps après la paix de 1763. Il savait le prix de ces papiers, et avait déjà plusieurs fois vainement tenté de les vendre aux ministres français. Ce fut pour renouer cette négociation qu’il vint trouver Beaumarchais et mit sous ses yeux la précieuse correspondance.

Beaumarchais, qui n’avait point mission pour traiter avec d’Éon, courut à Versailles prendre les ordres de Vergennes et regagna l’Angleterre, chargé de s’entendre avec le chevalier. L’affaire fut menée rapidement. D’Éon demandait 318 477 livres pour payer ses dettes et voulait que sa pension fût changée en une rente. On lui accorda le second point ; quant à ses dettes, on ne fixa pas de chiffres : on devait lui donner « de plus fortes sommes ». Le vague même de cette promesse était une garantie contre toute trahison, — utile garantie, car, au moment de la remise des papiers, le chevalier tenta de mystifier Beaumarchais. Celui-ci ne se laissa pas duper et rapporta à Versailles la correspondance secrète.

La transaction obligeait en outre le chevalier à garder le silence sur toutes ses querelles avec