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SA VIE ET SES AVENTURES.

prima un acte qu’il avait ajouté à sa version primitive. À la seconde représentation, cette nouvelle édition plut au public, et le succès fut très grand.

Tout en flattant la vanité de Beaumarchais, les applaudissements du parterre n’avançaient point ses affaires. Après les mésaventures de Vienne, il sentait bien que l’heure n’était pas venue de demander sa réhabilitation. Il se résigna donc à continuer de jouer son rôle d’agent secret, et ce fut en cette qualité qu’il se rendit encore à Londres. Il allait toujours faire la chasse aux libelles. Cette fois cependant il ne se contenta point de cette mission de police : il observa le monde politique, se déclara prêt à envoyer au roi « des tableaux instructifs, très fidèles, fort étendus ou succincts, des hommes et des choses », et commença d’étudier quel parti la France pourrait tirer de la querelle entre l’Angleterre et ses colonies d’Amérique.

À Londres, il rencontra le chevalier d’Éon. Celui-ci écrivait plus tard : « Nous nous vîmes, conduits sans doute par une curiosité naturelle aux animaux extraordinaires de se rencontrer ». Mais à la vérité, ce ne fut point par pure curiosité que d’Éon rechercha Beaumarchais. Cet étrange personnage, autrefois l’un des agents de la diplomatie secrète de Louis XV, était tombé en disgrâce depuis ses scandaleux démêlés avec l’ambassadeur de Guerchy. Il n’en vivait pas moins d’une pension de 12 000 livres