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SA VIE ET SES AVENTURES.

paysage des rives, et, à Linz, il écoute, charmé, des pâtres qui jouent de la clarinette ; il philosophe sur le guet-apens de la forêt, s’accuse d’avoir été inutilement cruel pour l’un des brigands ; enfin, comme il pressent que ses blessures pourraient bien être mortelles, il recommande à Gudin de consoler tous les siens et d’aller voir « sa petite Doligny ». Nobles sentiments et touchantes pensées. À Vienne, où il arrive avec « l’air défait d’un assassiné », il demande tout de suite une audience secrète à Marie-Thérèse et fait passer sous les yeux de l’impératrice l’ordre de Louis XVI. On l’introduit à Schœnbrunn ; il raconte son voyage et les grands dangers qu’il a courus ; il supplie qu’on mette la police à la recherche d’Angelucci, et, pour montrer toute la gravité de l’affaire, il donne lecture du libelle dont il a ravi un exemplaire au juif, dans la forêt. Il ne s’en tient pas là, il propose à Marie-Thérèse de faire réimprimer le pamphlet à Vienne, après en avoir fait disparaître tout ce qu’il contient de fâcheux pour l’honneur de Marie-Antoinette : de cette manière, on épargnera à un « roi jeune et jaloux » la lecture de toutes ces calomnies.

Kaunitz, à qui l’impératrice a tout communiqué, trouve la proposition étrange, le récit bizarre et le négociateur suspect. Le lendemain de sa visite à Schœnbrunn, M. de Ronac voit entrer chez lui un officier, l’épée nue, suivi de huit grenadiers, la