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BEAUMARCHAIS.

pour hâter la procédure. Beaumarchais de son côté suppliait qu’on lui laissât du moins la liberté de visiter ses juges ; il envoyait mémoire sur mémoire au duc de la Vrillière, lettre sur lettre à M. de Sartine. Mlle Menard, qu’on avait mise au couvent, mais qui n’y était pas restée, intervenait en sa faveur auprès du lieutenant de police. Mais les portes du For-l’Évêque restaient fermées et le Parlement s’apprêtait à juger.

Enfin, ayant adressé une supplique très humble au duc de la Vrillière, et imploré un « généreux pardon », Beaumarchais reçut la permission de sortir dans la journée, sous la garde d’un agent de police, à condition de rentrer chaque soir dans sa prison. Il était trop tard. L’intrigue et l’argent avaient fait leur œuvre. Le 26 avril, sur le rapport du conseiller Goëzman, le Parlement prononçait sa sentence, réformait le jugement de première instance et annulait le règlement de comptes.

C’était pour Beaumarchais, déclaré faussaire, le déshonneur et la ruine. Le comte de la Blache faisait immédiatement saisir ses biens et ses revenus. Et, lorsqu’un mois plus tard il obtint enfin sa liberté, « il était, dit Gudin, l’horreur de tout Paris ; chacun, sur la parole de son voisin, le croyait capable des plus grands crimes ».

Un an plus tard, il était l’idole de la foule, un « grand citoyen ». Extraordinaire volte-face du sen-