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SA VIE ET SES AVENTURES.

dience de la capitainerie ; l’audience levée, il l’accable d’invectives, le provoque en duel et finit par accepter une invitation à dîner dans sa maison de la rue de Condé ; à peine à table, il saute sur son épée et, de nouveau, s’apprête à pourfendre Beaumarchais, qui appelle à l’aide ; les valets et le cuisinier veulent assommer le duc, et la rixe continue jusqu’à l’arrivée du commissaire.

Le duc de la Vrillière, ministre de la maison du roi, ordonna aux deux adversaires d’avoir à garder les arrêts chacun dans sa maison, l’affaire ayant causé un grand scandale. Puis, le tribunal des maréchaux fut saisi. Il envoya le duc, au donjon de Vincennes et leva les arrêts de Beaumarchais. Mais cette décision blessa le duc de la Vrillière qui, en vertu d’une lettre de cachet, invita le même Beaumarchais « de passer huit jours dans un appartement assez frais, garni de bonnes jalousies, fermeture excellente, enfin d’une grande sûreté contre les voleurs et point trop chargé d’ornements superflus, au milieu d’un château joliment situé dans Paris, au bord de la Seine, appelé jadis Forum Episcopi ». Ces huit jours se prolongèrent, d’ailleurs, de « quelques huitaines ».

La situation était critique. Les calomniateurs, payés par le comte de la Blache, injuriaient le prisonnier réduit à l’impuissance. Le Parlement allait bientôt rendre son arrêt et La Blache intriguait