Page:Hallays - Beaumarchais, 1897.djvu/29

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
23
SA VIE ET SES AVENTURES.

entier. Ne pouvant se donner à la politique, qu’il aimait « à la folie », il employa ses loisirs à écrire des pièces de théâtre.

Lorsqu’il fit représenter Eugénie en 1767, il n’avait encore composé que quelques parades pour les fêtes d’Étioles. Son début à la scène fut donc un drame et un drame très larmoyant. Ce que nous avons déjà conté de sa vie ne semblait point le destiner à faire pleurer ses contemporains ; mais Diderot et Sedaine avaient mis le drame à la mode et Beaumarchais donna dans la nouveauté, à l’encontre de son génie.

Pour éveiller la curiosité du public et pour s’assurer de puissants patronages, Beaumarchais fit de nombreuses lectures de son ouvrage — tactique dont on le verra user de nouveau pour le Barbier, puis pour le Mariage de Figaro. Il sollicita de Mesdames de France l’honneur de leur présenter Eugénie, « cet enfant de sa sensibilité », qui, dit-il, ne tend « qu’à épurer le théâtre et à en faire une école de bonnes mœurs ». Il soumit aussi son manuscrit au duc de Nivernais qui le lui renvoya avec d’heureuses remarques dont il profita. Mais, en dépit de toutes les protections, la censure trouva le draine trop hardi et força l’auteur d’en transporter l’action de France en Angleterre.

Eugénie fut d’abord assez mal accueillie. Mais, le lendemain de la première représentation, Beaumar-