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SA VIE ET SES AVENTURES.

paraissait un heureux événement ; mais cela ne suffisait point ; il fallait encore s’assurer les bonnes dispositions du roi d’Espagne. Beaumarchais y avait pourvu : le roi s’ennuyait ; « vingt fois ses regards ont cherché dans les personnes qui l’entourent un objet dont les agréments, l’esprit et l’attachement puissent le tirer de la triste vie qu’il mène ». Mais, tout en s’ennuyant, le roi redoutait aussi l’empire d’une favorite. Instruit par un valet de chambre, l’Italien Piny, de l’embarras où était Charles III, Beaumarchais avait découvert l’« objet » et désigné la marquise de la Croix. Celle-ci avait, paraît-il, hésité. Mais le négociateur avait réponse à tout. « Sur l’objection d’une vie scandaleuse avec le roi, qui répugnait entièrement à ses principes et à son goût, je la fixai entièrement en l’assurant que, loin de faire entrer pour quelque chose l’oubli de ses devoirs dans mon plan, je n’avais jeté les yeux sur elle qu’afin d’être plus certain que cela n’arriverait jamais…. »

Pour bien apprécier cette intrigue, il est utile de savoir que, depuis un an, Beaumarchais était l’amant de la marquise de la Croix, et affichait sa liaison dans tous les salons de Madrid.

Le valet de chambre avait ménagé à la dame une entrevue avec le roi, qui, tout de suite, était devenu éperdument amoureux. Beaumarchais avait conseillé à son amie de montrer quelque froideur pour