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SA VIE ET SES AVENTURES.

texte de Beaumarchais, où les moindres jeux de scène sont notés avec une merveilleuse précision.

Deux des sœurs de Beaumarchais étaient fixées à Madrid : l’une mariée à l’architecte Guilbert ; l’autre, plus jeune, fiancée à Clavijo, écrivain espagnol. Les bans du mariage étaient déjà publiés quand, tout à coup, Clavijo se déroba. Ce fut alors que Beaumarchais arriva à Madrid. Il se rendit chez le séducteur et lui arracha une déclaration où celui-ci se reconnaissait coupable « d’avoir manqué sans prétexte et sans excuse à une promesse d’honneur ». Puis on se réconcilia et Clavijo jura d’épouser. Mais au dernier moment il disparut de nouveau, accusa Beaumarchais de guet-apens et obtint contre lui un ordre d’expulsion. Dans cette situation critique, Beaumarchais fit face au danger, courut chez les ministres, vit le roi, et Clavijo, disgracié, perdit son emploi. Voilà le scénario du drame conté dix ans plus tard par Beaumarchais. Est-ce un pur roman ? On l’a dit. Mais M. de Loménie semble avoir prouvé que le fond de l’aventure n’est point une invention.

Clavijo confondu, Beaumarchais put se donner aux affaires très diverses qui l’avaient appelé à Madrid. Il négocia la concession du commerce de la Louisiane à une compagnie française, rêva de coloniser la Sierra-Morena, intrigua pour être chargé de fournir de nègres les colonies espagnoles et tenta d’organiser une compagnie pour la subsistance de