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BEAUMARCHAIS.

contrat n’ayant pas été insinué, d’interminables procès s’ensuivirent et il finit par perdre tout droit sur l’héritage. L’aventure ne lui avait en somme rapporté qu’une charge et un nom : car dès lors, il s’appela Beaumarchais du nom d’un petit fief ayant appartenu à sa femme. Il faut ajouter que personne ne sut jamais en quelle province de France était située la terre de Beaumarchais.

Job, mon patron, semblable est notre histoire ;
J’avais des biens, je n’ai plus un denier ;
Et comme toi je chante ici la gloire
Du Roi des rois, assis sur mon fumier.

Jusqu’à ce point la copie est parfaite :
Reste à montrer le diable et ses agents,
Me tourmentant et pillant ma retraite,
Pour faire voir les anges bienfaisants.


Les « agents du diable », c’étaient les avocats et les procureurs des parents de sa femme. Quant aux « anges bienfaisants », c’étaient « Mesdames de France » auxquelles il adressait cet étrange « placet » versifié, afin de leur rappeler qu’elles avaient « un jour promis de s’occuper de lui et de sa fortune ». Elles exaucèrent sa prière.

Beaumarchais, venu pour la première fois à Versailles comme horloger, y reparut en qualité de musicien. Son grand talent de harpiste le fit admettre dans le cercle intime des filles de Louis XV. On sait que celles-ci raffolaient de musique. Selon