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Figaro.

pire de l’argent ont achevé l’œuvre des philosophes du xviiie siècle.

Toutes les indignations de Figaro en faveur de la liberté de la presse nous laissent aussi terriblement froids. Cette liberté-là, nous la possédons sans réserve. On s’en accommode ; on s’y résigne. Mais on ne peut s’empêcher de reconnaître que les « sottises imprimées » ont une certaine importance, même « aux lieux où l’on n’en gêne pas le cours ». Il faut bien avouer aussi que « la liberté de blâmer » n’a pas toujours rendu l’éloge beaucoup plus flatteur. Et ces réflexions mélancoliques nous gâtent un peu l’éloquence de Figaro.

Heureusement pour la mémoire de Beaumarchais, malheureusement pour l’humanité, il reste dans la satire des parties qui ne périront pas. Ces comédies, déjà vieilles d’un siècle, sont encore actuelles et le seront probablement toujours.

Bridoison n’a point cessé de faire rire le parterre. La France a chassé ses rois, guillotiné son aristocratie, fait des émeutes, des révolutions, bouleversé ses lois civiles, ses finances, sa constitution : la forme est demeurée sacrée. On ne vend plus les charges ; comme le souhaitait Bridoison, on les donne : la forme des procédures est intangible. Ce bon juge avait de l’expérience, il savait que « tout finit par des chansons ». Les spectateurs de 1789 avaient peut-être la bonhomonie de croire à l’effi-