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BEAUMARCHAIS.

caractère révolutionnaire de cette comédie a frappé plus vivement encore les témoins de la Révolution française. Geoffroy, réactionnaire en politique comme en littérature, écrivait un jour dans le feuilleton des Débats : « Figaro représente le tiers état, le comte Almaviva la noblesse. Telle est la clef de toutes les balivernes qu’on a si ridiculement exaltées et qu’on eût renvoyées aux tréteaux de la foire, si elles n’eussent caché un sens mystique cher aux penseurs de ce temps-là ». Au temps où écrivait Geoffroy ce sens n’avait plus rien de mystique. Et, depuis, ni les spectateurs ni les gouvernements ne s’y sont jamais trompés. Durant près d’un siècle, jusqu’aux dernières années du second empire, on n’a jamais représenté la Folle journée sans coupures.


Que reste-t-il aujourd’hui de la satire de Beaumarchais ?

Les attaques contre la noblesse n’ont plus maintenant qu’un intérêt historique. Le privilège de la naissance persiste dans nos mœurs ; en pleine démocratie, nous en avons chaque jour la preuve ; mais s’il assure encore à certains hommes une prééminence mondaine, il ne peut redevenir le lien d’une caste. Les lois de la Révolution, la création d’une aristocratie nouvelle par Napoléon et surtout l’em-